Le robot policier chinois PM01 de chez ENGINEAI en patrouille à Shenzhen

Dans les rues de Shenzhen, l’un des pôles technologiques les plus dynamiques de Chine, les passants se frottent les yeux, incrédules : un humanoïde au regard fixe et vêtu d’un gilet de haute visibilité, patrouille calmement le long des trottoirs, saluant les habitants et enregistrant silencieusement ce qu’il observe. Ce n’est pas un film de science-fiction, mais bien la réalité tangible du quotidien chinois depuis fin 2024. Le robot PM01, conçu par la jeune pousse EngineAI, est devenu une composante à part entière du dispositif de sécurité urbain dans cette métropole de plus de dix millions d’habitants.

Robot policier Chine ENGINEAI PM01
© ENGINEAI

Une genèse rapide mais ambitieuse

Le projet PM01 voit le jour au sein d’une startup fondée en octobre 2023 par Zhao Tongyang, un ingénieur passionné de robotique humanoïde et fervent défenseur de l’intégration de l’intelligence artificielle dans les fonctions publiques. À peine quelques mois après sa création, EngineAI dévoile son premier prototype, le SA01, un robot bipède destiné à des usages éducatifs et commerciaux. Fort de ce premier succès, l’entreprise se lance dans un projet plus ambitieux : créer un robot policier capable de se déplacer dans l’espace public, d’interagir avec la population et d’assister les forces de l’ordre sans les remplacer.

En décembre 2024, après plusieurs itérations internes, l’équipe dévoile le PM01, un robot humanoïde à la fois plus compact et plus polyvalent que son prédécesseur. Ce modèle, pensé dès sa conception pour évoluer dans des environnements urbains denses, incarne l’idée d’une cohabitation technologique entre humains et machines, dans un objectif de sécurité publique et de facilitation administrative.

Un concentré de technologie dans un gabarit humanoïde

Le PM01 mesure 1,38 mètre de hauteur pour un poids de 40 kilogrammes, une taille délibérément choisie pour ne pas intimider, tout en restant suffisamment imposante pour être visible et crédible dans l’espace public. Le robot repose sur une structure dotée de 24 degrés de liberté répartis entre ses bras, ses jambes et son tronc, ce qui lui permet d’effectuer une vaste gamme de gestes naturels, allant de la marche fluide au salut, en passant par des postures d’écoute ou d’attention.

Sa hanche peut pivoter sur 320 degrés, lui conférant une capacité quasi panoramique de surveillance passive. Au centre de sa poitrine trône un écran LED interactif, sur lequel s’affichent des instructions, des pictogrammes ou des messages d’alerte, selon les situations. Cette interface homme-machine a été pensée pour maximiser l’accessibilité, y compris pour les enfants ou les personnes âgées, facilitant ainsi la communication sans nécessiter de compétence technologique particulière de la part du public.

Côté capteurs, le PM01 est équipé d’un module Intel RealSense, capable de percevoir la profondeur et de cartographier en trois dimensions son environnement immédiat. Cette perception est ensuite traitée en temps réel par une combinaison de processeurs Intel N97 et d’un module NVIDIA Jetson Orin, assurant des performances de calcul suffisantes pour permettre la reconnaissance faciale, l’analyse comportementale et le traitement du langage naturel.

Une IA au service de la sécurité urbaine

Ce qui distingue véritablement le PM01 des générations précédentes de robots de service, c’est l’intégration poussée de l’intelligence artificielle dans ses mécanismes de prise de décision et d’adaptation comportementale. Conçu pour apprendre et s’améliorer en fonction des interactions accumulées, le PM01 dispose d’un système basé sur des algorithmes de deep learning, lui permettant non seulement de reconnaître des situations familières, mais aussi de s’adapter à des environnements ou à des interlocuteurs variés.

Par exemple, lorsqu’un enfant s’égare dans un centre commercial ou un quartier fréquenté, le robot peut être sollicité par des parents affolés. En quelques secondes, il est capable de diffuser des messages vocaux dans plusieurs langues, d’alerter les services de sécurité, et même de suivre visuellement la description fournie pour détecter l’enfant à l’aide de ses caméras. De la même manière, en cas d’incident ou d’attroupement suspect, il peut transmettre automatiquement les images en haute définition à un centre de contrôle humain, permettant une intervention rapide et documentée.

Le PM01 n’est pas seulement un « oeil » mobile : il peut répondre à des questions simples, orienter les passants, détecter des comportements anormaux ou agressifs, et même, dans certains cas, interagir verbalement pour désamorcer des tensions ou solliciter une assistance humaine. Bien que le robot ne soit pas armé ni autonome dans l’usage de la contrainte, il sert de force de dissuasion douce, dans un contexte où la simple présence visible d’un représentant de l’autorité – même robotisé – suffit parfois à apaiser les comportements.

Un usage controversé mais encadré

Le déploiement du PM01 à Shenzhen n’a pas manqué de faire réagir. Si certains médias chinois saluent l’innovation technologique et les perspectives en matière de gestion urbaine intelligente, d’autres voix s’élèvent contre ce qu’elles considèrent comme une dérive vers une société de surveillance renforcée, où la machine se substitue progressivement à l’humain. Plusieurs vidéos virales ont montré des passants surpris, voire intimidés, par la silhouette silencieuse du robot patrouillant de nuit dans les parcs ou les gares routières.

Les autorités locales assurent pourtant que les données recueillies par le PM01 sont soumises à des protocoles de sécurité stricts et à des audits réguliers. EngineAI a également publié une charte d’éthique dans laquelle elle s’engage à garantir la transparence des algorithmes embarqués et à fournir des moyens de désactivation à distance en cas d’abus ou de dysfonctionnement.

Du point de vue des forces de l’ordre, le robot est bien vu comme un auxiliaire, et non comme un substitut. Les policiers patrouillant avec les PM01 soulignent que ces machines leur permettent de se concentrer sur les interactions complexes ou les cas critiques, tandis que les robots prennent en charge les tâches de surveillance de routine ou de guidage.

ENGINEAI PM01 robot police patrouille Shenzhen
© ENGINEAI

Une vision à long terme de la robotique civile

Pour EngineAI, le PM01 est loin d’être une fin en soi. La startup prévoit déjà des déclinaisons adaptées à d’autres secteurs : un modèle destiné aux gares et aux aéroports, capable d’assurer l’orientation et l’information en plusieurs langues ; un autre conçu pour les hôpitaux, avec des fonctionnalités de téléassistance médicale ; voire, à terme, un robot éducatif décliné dans les écoles primaires.

La modularité du PM01 permet en effet d’envisager facilement des mises à jour logicielles ou des adaptations matérielles. Sa compatibilité avec les standards open source en robotique, comme ROS (Robot Operating System), le rend particulièrement attractif pour les développeurs indépendants, les chercheurs et les institutions publiques souhaitant tester des scénarios nouveaux sans repartir de zéro.

Une sentinelle cybernétique au carrefour des enjeux éthiques et technologiques

Avec le PM01, EngineAI ne se contente pas de produire un robot fonctionnel : elle ouvre un débat de fond sur la place de la machine dans l’espace public, sur la délégation partielle de l’autorité aux systèmes automatisés, et sur la manière dont nos villes peuvent tirer parti des avancées en intelligence artificielle sans renier les valeurs humaines fondamentales.

Qu’il soit perçu comme un gardien bienveillant ou comme un symbole d’un avenir sous surveillance, le PM01 est le reflet d’une époque en pleine mutation. Son développement rapide, son intégration concrète dans les politiques publiques de sécurité, et sa portée technologique en font un jalon important dans l’histoire de la robotique civile. À mesure que les capacités des machines s’améliorent et que la société s’y habitue, une question demeure : jusqu’où sommes-nous prêts à faire confiance à ces sentinelles d’un nouveau genre ?

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